Histoire
Bulles est cité dès l’époque mérovingienne, mais l’archéologie révèle un habitat plus ancien au lieu-dit Le Châtelet et à proximité des deux voies Romaines.
Grâce aux fouilles de Monsieur Legoux une nécropole mérovingienne comprenant plus de 900 inhumations est mise à jour, datant du V siècle à la fin du VII siècle. Des sarcophages, poteries, lances, sont au musée de Beauvais. Le village est ruiné par les Normands au 9éme siècle.
Dépendant de l’abbaye Saint Lucien de Beauvais, la châtellenie passe ensuite aux Dammartin.
L’un d’eux, Manassés de Bulles, part en croisade en 1146 avec le roi louis 7.
En 1181, une charte de commune est octroyée aux habitants par les seigneurs Guillaume de Mello et Robert de Conty.
En 1340, la seigneurie passe à la famille Mello. Les comtes de Clermont en font l’acquisition par morceaux de 1396 à 1425.
Il existe alors deux châteaux, le Château lieu-dit le châtelet détruit en 1432 par ordre du roi Charles 7, et celui de la citadelle à l’emplacement de cette salle, il était entouré de murailles et de fossés, Henri 4 y logea le 6 janvier 1591, après le siège de la Neuville-en -Hez, il fut démoli au 18 ème siècle.
Bulles est une ville fortifiée avec quatre portes, dites « du moulin » Bresles, de Clermont, de Beauvais, d’Amiens.
Le lin est cultivé dès le 12ème siècle, et les toiles fines prennent le nom de demi-hollande au 17ème siècle, parce que les pièces avaient une dimension moindre de celles des toiles confectionnées aux Pays-Bas.
On assure que le trousseau et les dentelles de la reine Marie, femme de Louis XVI, furent tissés avec du fil provenant des linières de Bulles.
Dévastées en 1636 par les espagnols de Jean de Werth, les linières se reconstituent difficilement puis sont anéanties par les graves inondations de 1711. La mulquinerie, disparaît de Bulles.
A l’époque de l’organisation départementale instituée en 1790 la ville de Clermont devint le siège d’un district composé de 102 communautés, formant dix cantons dont Bulles été un des chefs-lieux.
Le canton de Bulles était composé d’Etouy, la Neuville-en hez, Litz, Rémérangles, La Rue Saint-Pierre , Essuiles, Fournival, Le Mesnil-sur-Bulles, Bulles.
L’arrêté du gouvernement du vingt-trois vendémiaire an dix réduisait à huit le nombre de canton dans l’arrondissement de Clermont.
Des origines au Haut Moyen Âge
La commune de Bulles aurait été vraisemblablement située sur la voie romaine de Beauvais, c’est l’une des localités les plus anciennes de la région.
Ce lieu était déjà habité dès l’époque romaine, comme le prouvent les tuiles et les poteries trouvées près du Châtelet, il le fut également sous les Mérovingiens.
Les cimetières de Licisets et Montceaux remontent à cette époque.
Le roi Childebert Ier et l’évêque de Beauvais, Constantinus, donnèrent au IVe siècle à l’abbaye de Saint-Lucien, les églises et toute la ville de Bulles.
Les religieux la possédèrent dès l’invasion des Normands. Dans le cours du IXe siècle, les pirates normands ravagèrent plusieurs fois le pays. Pendant une de leurs incursions, ils ruinèrent la ville de Bulles. Pour se soustraire à leur cruauté, les habitants auraient creusé dans la craie des souterrains, appelés « forts », qui se trouvent sous la quasi-totalité des maisons du village, et s’y seraient réfugiés avec leurs provisions.
À la faveur de ces temps troublés, des personnages, qui avaient sans doute défendu le pays contre les envahisseurs, s’emparèrent du domaine de Bulles, d’autant plus facilement que les religieux de Saint-Lucien n’attachèrent pas grande importance à la possession d’une ville entièrement dévastée. En 1030, on trouve la mention du premier seigneur de Bulles, Ascelin, qui s’intitule modestement vassal de l’église de Beauvais. Goscelin de Bulles, surnommé « l’Enfant », fils d’Ascelin, lui succéda.
Moyen âge
Après Hugues de Dammartin, la seigneurie de Bulles passa à sa fille, Alice, qui avait épousé Lancelin de Beauvais. Devenue veuve, Alice fonda le prieuré de Wariville vers 1130 et établit les religieux de Citeaux à Froidmont en 1134. Ses fils, Lancelin, Manssé, Renaud et Thibaut, portaient tous ensemble le titre de seigneurs de Bulles en 1147. Manassé, qui était aussi par son mariage seigneur de Milly-sur-Thérain, fonda vers 1135 l’abbaye de Beaupré. Passionné par les exhrotations de Saint-Bernard, il prit la croix avec Louis VII en 1146 et périt, le 7 janvier 1148, au combat.
La terre de Bulles fut acquise, par portions successives, de 1340 à 1425 par les comtes de Clermont. Elle constituait la seigneurie la plus importante du comté.
Les habitants de Bulles obtinrent en 1181 de leurs seigneurs, Guillaume de Mello et Robert de Conti, une charte de commune sur le type de celle de Chambly.
Les principales dispositions qu’elle comporte concernent la punition des crimes et des délits, le taux des amandes, la fixation des redevances dues aux seigneurs, les obligations des habitants en cas de guerre.
Au Moyen Âge, le hameau de Monceaux fut le siège d’une petite seigneurie indépendante.
Au milieu du XIVe siècle, des seigneurs de Bulles donnèrent aux habitants le bois du Mont, précédemment appelé les pâtis de Bulles, et les marais et rivières de Bulles. C’est à raison de ces biens que la commune payait chaque année, le jour de la Saint-Rémi, un cens de 81 livres 18 sous.
Il y avait deux château à Bulles. Le premier était situé sur la rive droite de la Brêche, au lieu-dit « le Châtelet », sur un coteau au sud-ouest de la ville qu’il dominait entièrement. On l’appelait aussi le donjon de Bulles. Jean de Barbenchon et Louis d’Auxy le tenaient en commun en 1373. Ce château-fort eut à soutenir plus d’un assaut pendant la guerre de Cent Ans. En 1432, le roi Charles VII ordonna de détruire les forteresses qui n’étaient pas tenables, celle de Bulles comprise. Le second château de Bulles était situé à l’intérieur des murailles de la ville. Occupé par les troupes royales depuis octobre 1589, il fut repris au commencement du mois de mars 1590 par les ligueurs de Beauvais, qui ne conservèrent que quelques mois. Retombé au pouvoir des soldats de Henri IV, il fut habité quelques mois par ce prince au mois de janvier 1591, après le siège de La Neuville-en-Hez.
Il se tenait autrefois à Bulles plusieurs foires : une seule a survécu jusqu’au XIXe siècle, celle du vendredi saint. Les 2 autres avaient lieu le jour de la Saint-Mathias au mois d’août et le 18 octobre, le jour de la Saint-Luc. Cette dernière était spécialement consacrée à la vente de toiles fines et attirait un grand nombre d’acheteur.
Le marché de Bulles se tenait depuis longtemps le vendredi de chaque semaine.
De la Renaissance au XVIIe siècle
Les habitants de Bulles étaient tenus de faire célébrer tous les ans, dans l’église paroissiale, trois services solennels pour les âmes des seigneurs et dames donateurs de ces bois et pâturages.
Comme les donations avaient été faites à la commune de Bulles, les habitants du Mesnil-sur-Bulles recevaient un tiers des affouages du bois du Mont, et de même à Rémérangles, les tenanciers du fief de Gannes avaient droit au pâturage dans les marais. Ces biens communaux furent amortis par François Ier en 1521.
En 1619, Simon Vigneron sollicita à l’évêque de Beauvais la permission de faire construire une chapelle à Monceaux, à cause de l’incommodité pour aller à l’église de Bulles. Cette autorisation lui fut accordée, à condition qu’on y dise plus la messe basse que pour lui et ses domestiques, sans bénédiction d’eau et de pain. Cette petite terre fut ensuite acquise par les religieuses de Wariville.
La seigneurie du hameau de Lorteil, après avoir été également au XVe aux d’Argilière, fut acquise en 1641 par les religieuses de Wariville pour 18000 livres. La ferme de Lorteil était le principal manoir de cette terre. Les religieuses possédaient aussi, à Lorteil, un petit bâtiment qui servait d’école.
Bulles a été pendant plusieurs siècles le centre de la culture du lin et de la fabrique de toiles dites de Bulles ou de demi-hollande. La prospérité de la ville diminuait à mesure que les commerces des toiles de lin disparaissaient.
En août 1636, les Espagnols passèrent la Somme et se répandirent dans tout le pays jusque près de Beauvais et Clermont, mettant tout à feu et à sang, pillant, tuant, brûlant, n’épargnant ni églises ni couvents. Les habitants des villages se retiraient dans les villes entourées de murailles ou dans les bois.
Les faubourgs de Bulles, qui s’étendaient en dehors des murs, furent incendiés et toutes les maisons furent détruites. Les Espagnols, commandés par Jean de Werth, pénétrèrent dans la ville, brûlèrent une partie de l’église, le château et nombre de maisons. Ce fut un rude coup porté à l’industrie commerçante de la ville, qui ne s’en releva jamais. On dit que les Espagnols avaient voulu se venger de cette façon de la concurrence que les lins de Bulles faisaient à celle des Pays-Bas. La culture et le commerce des lins et toiles ne firent plus que décroître à partir de ce moment.
En juin 1683, un sieur de May, mousquetaire du roi, obtint un brevet royal lui concédant les bois et les marais de Bulles comme appartenant au domaine. Les habitants protestèrent et une sentence du 8 août 1684 les confirma dans la possession de leurs communes.
La léproserie ou maladrerie de Bulles était située au-delà de la porte de Clermont, près du chemin de Monceaux à Bulles, au lieu appelé encore aujourd’hui « Saint-Ladre ». Il y existait une chapelle à la nomination du prieur. Dès le XVIe siècle, léproserie et chapelle n’étaient plus desservies par un prêtre même si la chapelle existait encore en 1760.
Époque moderne
Bulles eut à supporter dix incendies en 100 ans, et celui de 1715 anéantit encore plus de 100 maisons. La grêle et les inondations avaient ravagé le territoire en mai 1711. Le château de Bulles incendié ne fut pas rétabli.
Au mois de février 1750, on aplanit et planta des ormes à l’emplacement de cette forteresse, en réjouissance de la convalescence du prince de Condé, seigneur de Bulles. Quant aux murailles qui entouraient la ville, à moitié détruites par les Espagnols, elles cessèrent d’être entretenues, et il en subsiste à peine aujourd’hui quelques vestiges.
Des quatre portes du Moulin, de Beauvais, de Clermont et d’Amiens, qui donnaient accès à la ville, la porte de Clermont, restée debout la dernière, a été démolie en 1834.
À la tête de la commune était un maire, assisté de 6 pairs. Le nombre de pairs fut réduit à 2 en 1774. L’élection se faisait le jour de la Trinité.
La commune avait un sceau représentant une enceinte de ville avec un donjon à galerie de 4 fenêtres, avec cette légende : « sigillum communie Bullarum ».
Sur le contre-sceau était figuré un château à trois tours, avec porte et une fenêtre à la tour du milieu, avec la légende : « sigillum majoris de Bullis ad causas ».
Bulles porta, jusqu’à la Révolution française, le titre de ville.
Le 1er mars 1789, les habitants réunis devant François Levasseur, maire de Bulles, rédigèrent leur cahier de doléances : leur territoire, disent-ils, n’est composé que de coteaux et de vallons d’une terre d’une mauvaise nature, et d’une culture très difficile.
Les récoltes, très médiocres, sont encore exposées aux incursions et dégâts du grand et petit gibier. Ils réclament : la suppression de tous les privilèges, l’égalité des trois ordres devant l’impôt, la confection d’un cadastre, la suppression des droits d’aides, de gabelle, des dîmes et autres que celles des 4 grains principaux, l’économie dans les abbayes et le produit de cette économie attribué aux curés, la gratuité des baptêmes, mariages et enterrements, la suppression de la milice et des droits féodaux, l’uniformité des poids et mesures, la suppression des huissiers-priseurs et l’établissement de péages sur les grandes routes.
Les députés de la paroisse furent Fabien Coulon et Samson Lefebvre, anciens maires, et Antoine Vaillant.
En 1789, on comptait à Bulles 20 mulquiniers et 21 compagnons mulquiniers.
Cette industrie a totalement disparu. Le mulquinier est chargé du tissage, il travaille généralement à domicile, le plus souvent dans la cave afin de bénéficier de la température constante nécessaire pour éviter que le fil, fragile, ne casse. Le terme de « mulquinier » n’est pas stable, selon les lieux et les registres on trouve un certain nombre de variantes: « marquiniers », « musquiniers »
Le 3 octobre 1876, une gare fut établie sur la ligne de La Rue-Saint-Pierre à Saint-Just-en-Chaussée. Durant la fin du XIXe siècle, on trouvait, dans l’étendue du territoire, un moulin à eau, une scierie de bois et une scierie d’os pour brosses, trois usines sur la Brêche, deux briqueteries et deux fours à chaux, une carrière de moellons durs et un grand nombre de tourbières, dont une faible partie était exploitée.
La population du chef-lieu de Bulles était à l’époque de 638 habitants, celle de Monceaux était de 71 habitants et 98 habitants vivaient à Lorteil.
En 1963, des fouilles archéologiques vont mettre à jour plus de 830 tombes datant du Ve siècle et du VIIIe siècle au hameau de Sainefontaine. Près du chemin qui conduit de Monceaux à la ferme de Cohen (commune d’Étouy), on a exploré un cimetière mérovingien composé de plus de 1000 tombes. On y a découvert un grand nombre de poteries, des armes, objets de toilette, bijoux et ornements.
La gare de Bulles fermera ses portes le 27 juillet 1973, à la suite d’un deuxième déclassement de la ligne ferroviaire.
Patrimoine
Cette église fut construite en 1502.
Le 12 août 1636, les Espagnols mirent le feu à cet édifice.
La façade ne fut pas atteinte par cet incendie, l’ornementation de cette partie de l’édifice est riche : de larges moulures creuses, dont le fond est tapissé de reptiles et de ceps de vigne encadrent le grand portail.
Entre les deux vantaux, s’élève un pilier surmontant une niche, elle-même surmontée d’un dais très riche.D’autres niches se voient également des deux côtés de la porte.
Au-dessus du portail règne une galerie ornée d’une balustrade et de gargouilles. Le clocher, placé sur la façade, présente des animaux fabuleux à profusion.
À l’intérieur, les fonds-baptismaux en pierre sont enrichis de sculptures représentant des fleurons et des feuillages.
Le bâtiment est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 5 mai 2011.
Située près du moulin du même nom, elle a longtemps été le but d’un ancien pèlerinage très fréquenté.
Reconstruite en 1775 comme nous l’apprend l’inscription qu’on voit encore sur le bâtiment.
Ce petit édifice, dévasté pendant la révolution, fut rétabli en 1805 par les soins de Samson et Louis Lefebvre, de Bulles.
Construit en 1803 par François Joly, meunier, au confluent du ru de Saine-Fontaine et de la Brêche, ce moulin à blé fut employé par une scierie d’os durant près d’un demi-siècle avant de devenir une cartoucherie en 1906.
De 1908 à 1926, il devient une usine électrique puis de 1930 à 1985, une fabrique de découpage, emboutissage, tubes métalliques, présentoirs.
Situé légèrement en dehors du hameau de Monceaux. Il servait à battre l’huile.
Fondé en 1796, il devient en 1840, un moulin hydraulique pour apprêter chaque année 150 hectolitres de cameline, d’œillette et surtout de colza.
Il a trois paires de meule, utilisant une force de 8 chevaux.
Aujourd’hui, il est la propriété de Monsieur Corbière
Toutes sortes de malades affluaient jadis vers cette source.
Profitant d’un tel label, cette même eau a été, jusqu’à notre époque, mise en bouteilles plastiques et commercialidée.
Situé à la sortie Sud-Ouest du village, au bord de la D94, c’était un moulin à blé appartenant au prince de Condé, comte de Clermont.
Reconstruit en 1818 et pourvu d’une chute de 2,30 mètres, il est connu sous le nom de « moulin de Bulles » depuis 1918. De 1890 à 1936, il abritait une scierie de bois et une fabrique des manches à balais.
Bulles possédait des lavoirs qui n’existent plus à ce jour et qui étaient situés :
Prés du Petit Marais au bord du ruisseau de Saine-Fontaine. Un barrage avec un système de vanne permettait alors d’augmenter la hauteur de l’eau.
Une carte du début 1900, nous montre ce lavoir situé sur la Brèche non loin de la rue du Houssoy en face la pisciculture.
Il comportait 4 travées.
A Monceaux, rue de Beauvais au bord d’un ruisseau.
A Lorteil, chemin de Wariville.
Mémoire
Comme son nom l’indique, le conservateur du patrimoine a pour rôle de protéger et de mettre en valeur des œuvres d’arts, des archives ou des monuments afin de transmettre aux générations futures ce que nous ont légué nos ancêtres.
Entretenir et cultiver le « devoir de mémoire » c’est celui que nous avons tous envers les victimes, civiles et militaires des guerres passées, mais également envers les générations futures pour que la paix s’installe et pour faire perpétuer cette Liberté, valeur fondatrice de notre République.
Dans ce rôle pédagogique essentiel, Monsieur Jean-Claude CLAËYS joue un rôle fondamental pour transmettre aux jeunes et moins jeunes, d’ailleurs, la mémoire utile à la compréhension de l’histoire de notre village.
Conserver, inventorier, enrichir, organiser des expositions, écrire, Jean-Claude CLAEYS est sur tous les fronts.
Pour mettre en valeur son travail, il nous est apparu évident qu’il fallait diffuser et publier ses documents pour ne pas les laisser dans l’ombre.
Nous le remercions infiniment.